2008-10-30 :: france-islande.com :: DISCOURS DU PREMIER MINISTRE GEIR HAARDE (prêt du FMI)

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DISCOURS DU PREMIER MINISTRE GEIR HAARDE DEVANT L'ALTHINGI EN DATE DU 30 OCTOBRE

Le 30 octobre, le Premier Ministre Geir Haarde a prononcé, devant les membres de l'Althingi, un exposé sur "la crise économique et financière islandaise" (voir "Bulletins" de septembre et d'octobre). Dans son discours, il a fait le point sur les récents évènements qu'a enregistrés l'Islande, insistant sur l'accord intervenu le 24 octobre entre Reykjavik et le Fonds Monétaire International, sur la mise au point d'un "programme de stabilisation" établi en commun, et la politique que le gouvernement entend suivre pour remettre l’économie islandaise en « état de marche ».
Il a brièvement esquissé les perspectives à court terme qui se présentent pour l'économie nationale, compte tenu de l'importance du choc subi au cours des dernières semaines du fait de la "crise américaine" et de sa rapide propagation à travers le monde.
Le texte de cette allocution est téléchargeable sur le site en anglais du Premier Ministre : http://eng.forsaetisraduneyti.is/
Nous en donnons, ci-dessous, pour l'information de nos lecteurs, les plus importants passages, traduits en langue française :

«Très peu d’entre nous auraient pu imaginer, il y a quelques mois, que l’Islande, un des pays les plus riches du monde, aurait été confrontée à des désastres tels qu’elle se trouverait contrainte de demander l’assistance du FMI (…) Dans une telle situation, aucune nation ne peut exclure certains moyens de résoudre ses problèmes, ou refuser des offres d’assistance. Après tout, beaucoup de pays aujourd’hui demandent l’aide du Fonds.(…)

Au moment même où le Gouvernement préparait les mesures nécessaires pour répondre à la défaillance des banques, il devenait évident qu‘il ne faillait pas perdre de temps pour s’attaquer à la restauration de l’économie. Je souhaite rappeler ici les actions à engager dans les semaines et mois à venir :

Tout d’abord, les difficultés économiques actuelles ont conduit à un sérieux manque de devises étrangères. Cela signifie que le taux de la couronne est très faible, avec un effet conséquent sur les prix et l’inflation. Je pense que ce sera la première tâche importante de ce gouvernement que de réduire l’inflation dans les prochains mois et créer les conditions pour une réduction permanente des taux d’intérêt. Pour atteindre cet objectif nous devons pouvoir emprunter à l’étranger et attirer des devises dans notre pays.

En second lieu, nous devrons faire face à un déficit budgétaire substantiel à cause des difficultés de l’économie. Ce déficit sera bien supérieur aux prévisions antérieures, et il est vraisemblable qu’il nous faudra plusieurs années pour revenir à l’équilibre.

Enfin nous devrons recapitaliser la Banque Centrale et les nouvelles banques créées à partir des anciennes. L’économie sera largement renforcée lorsqu’elles seront de nouveau opérationnelles. (…)

Lorsque nous avons cherché de l’aide auprès des autres pays, ceux-ci ont tous répondu qu’un accord avec le FMI était une condition préalable à leur assistance (…). Le choix du gouvernement était clair et a été approuvé par tous ses membres. (…) C’est ainsi que cette semaine, j’ai rencontré à Helsinki les Premiers Ministres des pays du Conseil Nordique ; ceux-ci ont tous montré leur volonté de nous aider. Une commission spéciale a été organisée à cette fin. (…) Je suis particulièrement touché par la gentillesse et la générosité de nos voisins des îles Féroé qui ont proposé de nous faire un prêt. Je les remercie au nom de l’Althingi et de la nation entière.

Au moment où nous recevons de l’aide de nos amis nordiques, nous sommes encore engagés dans un litige avec le gouvernement britannique. Comme je l’ai déjà dit, le gouvernement islandais a pressenti un conseil juridique britannique pour vérifier si l’utilisation du « Terrorism Act » à notre encontre est juridiquement fondée, après la décision absurde de ce gouvernement d’utiliser cette loi contre les intérêts islandais en Grande-Bretagne. Les deux gouvernements sont en négociation pour chercher une solution à propos des comptes IceSave en Grande-Bretagne. Nous espérons qu’un compromis va être trouvé, mais il doit être bien clair que nous n’accepterons pas des conditions qui conduiraient notre pays à la ruine.

J’en viens à notre accord avec le FMI. Nos discussions ont duré un certain temps. Un programme détaillé en est résulté, qui sera soumis au Bureau du FMI dans les prochains jours et sera publié quelques jours plus tard. Cet accord prévoit un prêt du Fonds de 2 milliards de dollars, dont 830 millions seront versés dès confirmation de l’accord (…).

Selon les projections faites lors des discussions avec les experts du FMI, notre PNB devrait chuter de 10 % l’année prochaine et rester inchangé en 2010. Le chômage va certainement progresser et atteindre son maximum au milieu de l’an prochain, avant de décroître. Notre inflation, qui atteint déjà 16 % à cause de notre taux de change, devrait être ramenée à 4.5 % fin 2009 grâce aux actions des autorités et à une bonne coopération avec nos partenaires sociaux. (…)

Ces calamités ont naturellement créé anxiété, inquiétude et colère. Cependant il ne doit pas être oublié que les fondations de notre économie sont solides et que nous pouvons nous appuyer sur elles. Nous possédons en abondance du poisson dans nos océans, des ressources énergétiques illimitées, une agriculture solide et une population à très haut niveau de formation, cet ensemble créant une bonne base pour le futur. (…).

Nous qui dirigeons le gouvernement sommes déterminés à sortir la nation des difficultés présentes et faire en sorte qu’elle puisse entrer dans une nouvelle période de stabilité et d’opportunités nouvelles. Ce n’est pas seulement un objectif politique, mais, un objectif pour nous tous de rassembler notre courage et d’aller de l’avant. »