KAUPTHING Lxbg La moitié du personnel disposait d'une Porsche

Kaupthing repris dès aujourd'hui ?
05/12/2008 00:05

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La filiale luxembourgeoise de la banque islandaise devrait trouver un nouveau propriétaire dans les tout prochains jours, voire aujourd'hui même. Et voir son fastueux train de vie remis au pas !

Le rachat de Kaupthing Luxembourg sera sans doute officialisé en tout début de semaine prochaine, voire dès ce vendredi, assure une source luxembourgeoise très proche du dossier. D'après Daniel Jourde, porte-parole de Kaupthing Bank
Belgique cité par L'Echo, le gouvernement a déclaré qu'une décision serait prise "aux alentours du 5 décembre", et que "rien n'assurait qu'elle tomberait
vendredi".

La reprise imminente de la filiale luxembourgeoise de la banque islandaise reste une bonne nouvelle car, dans la capitale grand-ducale, les professionnels du secteur bancaire ne se montraient pas d'un optimisme débordant sur les chances de reprise. Acheter une banque, par les temps qui courent, n'est pas nécessairement une préoccupation majeure, alors même que le choix est large. «Je peux vous trouver une dizaine d'enseignes disponibles sur la place, à commencer par les deux autres établissements islandais qui ont mordu la poussière», ironise un banquier.

Kaupthing n'était pas perçue comme dangereuse
Cette attitude dubitative ne constitue pas un jugement de valeur à l'égard de Kaupthing Luxembourg. Les flamboyants banquiers islandais n'étaient pas perçus comme douteux ou dangereux, ni dans la capitale grand-ducale, ni ailleurs. Le 3 octobre, son dernier jour de cotation, l'action Kaupthing valait encore 654 couronnes islandaises. C'était un recul de moitié par rapport à son sommet de l'été 2007, certes, mais d'autres avaient déjà fait pire : à la veille de son sauvetage par l'Etat belge, Fortis était ce même jour en chute de 82 % et le géant américain Wachovia de 90 %, toujours depuis leur plus haut de l'an dernier. Le numéro un mondial Citigroup, qui était encore loin du pire, avouait déjà un repli de 67 %.

Quant aux fameux CDS, leur envolée fut fort tardive. Ces credit default swaps , ou assurances contre le risque présenté par un débiteur, étaient depuis l'été presque unanimement considérés comme les meilleurs indicateurs de solvabilité des entreprises, du moins en ce qui concerne le sentiment de la communauté financière à leur égard. Or, il fallut attendre le 2 octobre pour voir le cours des CDS sur Kaupthing s'apprécier de manière significative. Trop tard, donc... Par ailleurs, alors que l'agence de notation Fitch abaissait la note de la banque le 29 septembre, sa consoeur Moody's n'a embrayé que le 9 octobre... au lendemain de la mise sous tutelle de Kaupthing par les autorités islandaises !

La moitié du personnel disposait d'une Porsche
L'inquiétude ne pointait guère à Luxembourg non plus. Le train de vie fastueuxaffiché par les Kaupthing boys a surpris certains, parfois un peu choqué, mais il a aussi bluffé tout le monde. «Inconnue au bataillon quand elle a débarqué, la banque islandaise se devait d'offrir de beaux salaires et bonus si elle voulait attirer du personnel de qualité. Je peux vous assurer qu'ils étaient impressionnants !», confie un concurrent ayant eu connaissance de quelques propositions de débauchage. Leurs notes de restaurant étaient tout aussi impressionnantes, se souvient un autre interlocuteur grand-ducal. Le secteur horeca regrettera donc ces clients prodigues autant que les distributeurs automobiles : la moitié du personnel disposait d'une voiture de fonction arborant l'écusson Porsche... Quant aux petits cadeaux entretenant l'amitié, il s'agissait plutôt d'un lecteur MP3 que d'un porte-clé, glisse un client.

Etabli à Luxembourg il y a une dizaine d'années en tant que gestionnaire de patrimoine, le groupe Kaupthing y est devenu banquier voici trois ans et il a alors mis le turbo. Non sans résultat. Alors que son compte à haut rendement Kaupthing-Edge ne compterait que quelques centaines de clients locaux, ses activités de banque d'affaires et de banque privée n'y sont pas négligeables et comptent des clients de poids. En témoigne, a contrario , l'assignation en référé de l'un d'eux à propos d'un virement effectué à destination d'un compte étranger. La banque a bien débité ce client de 5,5 millions de dollars, mais n'avait pas encore crédité le compte en question le surlendemain, soit le 9 octobre, quand elle demanda le sursis de paiement. Au-delà de cet aléa, le portefeuille de clientèle de Kaupthing Luxembourg ne serait pas sans intérêt, tandis que la situation de Kaupthing Belgique ne pose en réalité pas un problème fondamental, assure un négociateur. On n'en espérait pas tant...

Guy Legrand