Paru dans Le Monde
2 participants
Page 1 sur 1
Paru dans Le Monde
L'ancienne juge Eva Joly a été nommée dimanche 29 mars experte auprès du procureur de la République islandaise chargé de retracer l'évasion des capitaux qui a précédé et suivi l'effondrement puis la nationalisation des banques islandaises en octobre 2008.
Le Luxembourg et la Belgique ont du mal à accepter leur inscription sur la liste "grise" de l'OCDE Cette évasion fut spectaculaire : arroseur arrosé, l'Islande est de fait un paradis fiscal avec un impôt sur les revenus financiers de 10 % et de 15 % sur les sociétés. Mais, à l'approche du krach qui a ruiné le pays, le mouvement s'est accéléré et les capitaux islandais, via les succursales des banques islandaises à Luxembourg ou Londres, ont pris les chemins des îles anglo-normandes où elles avaient des antennes, mais aussi de Chypre ou des paradis fiscaux des Caraïbes.
Tortola, aux Iles Vierges, compte à elle seule plusieurs centaines de comptes islandais. Le secret bancaire leur a garanti jusqu'ici l'impunité et le procureur chargé du dossier, avec ses quatre assistants, ne pouvait pas grand-chose. La volonté et surtout le savoir-faire manquaient, malgré l'arrivée de la gauche au pouvoir au début de l'année.
C'est alors qu'intervint la Franco-Norvégienne Eva Joly, aujourd'hui âgée de 65 ans, dans ce qui fut, selon elle, "une suite de hasards". Un Islandais, qui la publia à Londres, proposa à l'ancienne juge d'instruction de l'affaire Elf de raconter à la télévision islandaise son combat contre la corruption en France. Le nouveau gouvernement islandais en profita alors pour lui proposer de devenir sa conseillère.
Mme Joly, qui venait de s'engager en France dans la campagne des élections européennes où elle mène la liste Europe Ecologie en Ile-de-France avec Daniel Cohn-Bendit, hésita. Ne voulant pas faire les choses à moitié, elle exigea une équipe de vingt personnes, qui fut ramenée à seize. Séparation des pouvoirs oblige, elle ne fut pas placée sous les ordres du gouvernement, mais sous ceux du procureur.
Elle renonce donc au poste qu'elle occupait en Norvège et se rendra en Islande au minimum quatre jours par mois. Cela prendra le temps qu'il faudra, mais elle traquera l'argent fugueur.
Le destin de cette femme qui hésite entre sa Norvège d'origine et la France, son pays d'adoption, prend un nouveau virage : ce ne sera plus la France, mais l'Europe, ni la Norvège, mais l'Islande. L'enjeu reste le même : combattre la corruption et l'évasion des capitaux. "Je n'ai rien demandé, confie Mme Joly. Les ministres m'ont demandé de les aider. J'ai réfléchi, puis j'ai dit oui."
"Seule une personnalité étrangère peut venir à bout d'une corruption qui nous a mis genoux", entend-on à Reykjavik. Tous les habitants de l'île ont le sentiment d'être cousins et ils le sont presque, comme le montre un logiciel qui fait leurs délices car il permet de retrouver d'un seul clic à combien de générations remonte le lien de parenté entre deux personnes. Cette proximité crée des indulgences coupables, des connivences malsaines, des relations d'argent que l'animateur-vedette de la télévision islandaise, Egill Helgason, qui avait invité Mme Joly, a qualifié d'"incestueuses".
Traînant un énorme sac où elle entasse ses premiers dossiers, Mme Joly déambule désormais en ville avec son interprète. Où elle écoute attentivement tous ceux qui l'interpellent dans la rue.
Gérard Lemarquis
Article paru dans l'édition du 10.04.09.
Le Luxembourg et la Belgique ont du mal à accepter leur inscription sur la liste "grise" de l'OCDE Cette évasion fut spectaculaire : arroseur arrosé, l'Islande est de fait un paradis fiscal avec un impôt sur les revenus financiers de 10 % et de 15 % sur les sociétés. Mais, à l'approche du krach qui a ruiné le pays, le mouvement s'est accéléré et les capitaux islandais, via les succursales des banques islandaises à Luxembourg ou Londres, ont pris les chemins des îles anglo-normandes où elles avaient des antennes, mais aussi de Chypre ou des paradis fiscaux des Caraïbes.
Tortola, aux Iles Vierges, compte à elle seule plusieurs centaines de comptes islandais. Le secret bancaire leur a garanti jusqu'ici l'impunité et le procureur chargé du dossier, avec ses quatre assistants, ne pouvait pas grand-chose. La volonté et surtout le savoir-faire manquaient, malgré l'arrivée de la gauche au pouvoir au début de l'année.
C'est alors qu'intervint la Franco-Norvégienne Eva Joly, aujourd'hui âgée de 65 ans, dans ce qui fut, selon elle, "une suite de hasards". Un Islandais, qui la publia à Londres, proposa à l'ancienne juge d'instruction de l'affaire Elf de raconter à la télévision islandaise son combat contre la corruption en France. Le nouveau gouvernement islandais en profita alors pour lui proposer de devenir sa conseillère.
Mme Joly, qui venait de s'engager en France dans la campagne des élections européennes où elle mène la liste Europe Ecologie en Ile-de-France avec Daniel Cohn-Bendit, hésita. Ne voulant pas faire les choses à moitié, elle exigea une équipe de vingt personnes, qui fut ramenée à seize. Séparation des pouvoirs oblige, elle ne fut pas placée sous les ordres du gouvernement, mais sous ceux du procureur.
Elle renonce donc au poste qu'elle occupait en Norvège et se rendra en Islande au minimum quatre jours par mois. Cela prendra le temps qu'il faudra, mais elle traquera l'argent fugueur.
Le destin de cette femme qui hésite entre sa Norvège d'origine et la France, son pays d'adoption, prend un nouveau virage : ce ne sera plus la France, mais l'Europe, ni la Norvège, mais l'Islande. L'enjeu reste le même : combattre la corruption et l'évasion des capitaux. "Je n'ai rien demandé, confie Mme Joly. Les ministres m'ont demandé de les aider. J'ai réfléchi, puis j'ai dit oui."
"Seule une personnalité étrangère peut venir à bout d'une corruption qui nous a mis genoux", entend-on à Reykjavik. Tous les habitants de l'île ont le sentiment d'être cousins et ils le sont presque, comme le montre un logiciel qui fait leurs délices car il permet de retrouver d'un seul clic à combien de générations remonte le lien de parenté entre deux personnes. Cette proximité crée des indulgences coupables, des connivences malsaines, des relations d'argent que l'animateur-vedette de la télévision islandaise, Egill Helgason, qui avait invité Mme Joly, a qualifié d'"incestueuses".
Traînant un énorme sac où elle entasse ses premiers dossiers, Mme Joly déambule désormais en ville avec son interprète. Où elle écoute attentivement tous ceux qui l'interpellent dans la rue.
Gérard Lemarquis
Article paru dans l'édition du 10.04.09.
PierreS- Nombre de messages : 118
Date d'inscription : 11/10/2008
Re: Paru dans Le Monde
A combien de temps estimez-vous l'espérance de vie de Madame Joly?
lebae- Nombre de messages : 122
Date d'inscription : 13/10/2008
Sujets similaires
» 02/06/2009 - Paru dans l'Echo : Semaine décisive pour Kaupthing
» Contacts auprès de Reynders et Leterm
» Contact ce matin avec l'ABBL suite à l'article paru dans la Libre
» Réunion Leterme-Junker
» Un peu d'humanité dans ce monde de menteurs et d'incompétents...
» Contacts auprès de Reynders et Leterm
» Contact ce matin avec l'ABBL suite à l'article paru dans la Libre
» Réunion Leterme-Junker
» Un peu d'humanité dans ce monde de menteurs et d'incompétents...
Page 1 sur 1
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
|
|