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10/07/2009 Le soir La saga des Kaupthing - Kaupthing laisse la place à Havilland -Episode 5

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10/07/2009 Le soir La saga des Kaupthing - Kaupthing laisse la place à Havilland -Episode 5 Empty 10/07/2009 Le soir La saga des Kaupthing - Kaupthing laisse la place à Havilland -Episode 5

Message  bankrun Sam 11 Juil - 2:57

Kaupthing laisse la place à Havilland

THOMAS,PIERRE-HENRI; DE BOECK,PHILIPPE

Vendredi 10 juillet 2009

Les Libyens voulaient le cash, le bâtiment et, surtout, ne prendre aucun risque. Les deux nouveaux candidats à la reprise (J.-C. Flowers et Blackfish) étaient prêts à prendre un petit risque. C’est ce qui allait convaincre la plupart des créanciers interbancaires qui avaient refusé l’offre libyenne », explique Magnus Gudmundsson, l’administrateur délégué de Kaupthing Luxembourg.

Lorsque les banques créancières de Kaupthing Luxembourg votent « non » au plan de sauvetage, le 16 mars, le moral est au plus bas. Les gouvernements belge et luxembourgeois envoient toutefois un fax commun aux banques pour leur dire qu’ils sont prêts à faire un effort (les deux États porteront leur prêt à 320 millions d’euros, contre 300 millions initialement). Et le 16 mars, le gouvernement luxembourgeois et les autorités financières grand-ducales se retrouvent route d’Arlon, dans les locaux du gendarme financier luxembourgeois, la CSSF. On décide de tenir jusqu’au 8 avril, puisque la mise en sursis de paiement a été décidée jusqu’à cette date. Le 17 mars, une nouvelle offre, libyenne, à peine amendée, est testée auprès des banques créancières. Qui disent toujours non.

Mais quelques jours plus tard, fin mars, le management de Kaupthing revient avec deux candidats potentiels anglo-saxons. L’espoir renaît. D’autant qu’entre-temps le bilan de la banque se renforce automatiquement : régulièrement, les obligations qu’elle détient en portefeuille arrivent à échéance, et sont remboursées. Sur quelques mois, ce sont 500 millions d’euros de liquidités qui tombent dans la caisse de Kaupthing. Et le tribunal de Luxembourg décide donc, fait exceptionnel, de prolonger le sursis de paiement de 2 mois, jusqu’au 8 juin.

Début mai, Magnus Gudmundsson s’envole donc pour Londres avec son adjoint belge Jean-François Willems. Ils y rencontrent des membres de la famille Rowland à qui appartient le fonds d’investissement Blackfish Capital Management Ltd basé, à Guernesey. Idéalement, les Rowland cherchaient à s’établir en Suisse, mais le Grand-Duché leur convient. « Leur objectif était très clair : créer une plateforme de croissance pour leur société qui gère les biens familiaux, à l’instar des Rothschild et d’autres grandes familles. En reprenant une banque existante, ils gagnaient deux ans », explique Magnus Gudmundsson.

Quelques jours plus tard, le duo rencontre la direction de J.-C. Flowers & Co. Cette société de capital-investissement a été fondée en 2001 par J. Christopher Flowers, un ancien associé de Goldman Sachs. Mais la société est empêtrée dans l’affaire Hypo Real Estate et elle n’envoie que des seconds couteaux pour traiter l’affaire.

Pour toutes les parties concernées par la reprise de la banque (direction, administrateurs provisoires, autorités de contrôle, gouvernements, etc.), il apparaît très rapidement que l’offre de Blackfish est – de loin – le meilleur choix. « Ils mettaient davantage de liquidités à disposition et étaient meilleurs au niveau des garanties à offrir aux créanciers », précise une source proche du dossier en évoquant le chiffre de 50 millions d’euros.

Le 13 mai, la direction de Kaupthing annonce officiellement son choix par communiqué de presse. « La famille Rowland s’est impliquée personnellement et elle a eu un dialogue très constructif avec les créanciers. C’est ce qui a fait la différence. Les Rowland sont arrivés au bon moment au bon endroit. De mon côté, je voulais que tous nos clients retrouvent l’intégralité de leurs dépôts et qu’un maximum d’employés gardent leur emploi », raconte Magnus Gudmundsson. Kaupthing Banque deviendra Havilland Bank.

L’offre définitive de Blackfish est alors soumise aux 25 créanciers interbancaires, et le tribunal de Luxembourg prolonge encore jusqu’au 10 juillet la mise en sursis de paiement. Parmi les épargnants, la tension monte au fil des jours. Un audit a été demandé par les créanciers : sera-t-il favorable ou non ? Comme à chaque étape décisive, le forum en ligne du Groupe K enregistre une hausse de fréquentation. Le vendredi 25 juin, juste après les douze coups de midi, le verdict tombe enfin : c’est oui à 97,8 % ! Seules deux petites banques représentant 2,2 % des créances préféraient la faillite à la reprise. Si les administrateurs provisoires de Kaupthing Luxembourg n’avaient pas réussi à faire évoluer la jurisprudence de la loi luxembourgeoise sur les organismes financiers, c’en était fini de la banque.

Pour les membres du Groupe K (qui défend les intérêts des épargnants), le soulagement est incommensurable… Sur le parvis du siège d’ING Belgium à Bruxelles (la banque préside le syndicat des 25 créanciers interbancaires), André Meyers est le premier à apprendre la bonne nouvelle par GSM.

« Enfin, enfin ! », s’écrie-t-il en annonçant la bonne nouvelle à la cinquantaine d’épargnants agglutinés autour de lui. « Cette fois, c’est la bonne », explique le porte-parole du Groupe K aux équipes de télévision qui l’interviewent à la queue leu leu pour le JT de 13 heures.

Mais pour les milliers d’épargnants dont les dépôts sont bloqués depuis le 9 octobre 2008, le calvaire n’est pas tout à fait terminé ; et ils ne savent toujours pas à quelle date ils vont pouvoir récupérer leurs sous… En effet, plusieurs étapes doivent encore être franchies.

À Luxembourg, les partenaires sociaux avalisent un plan social et le licenciement de 45 employés de Kaupthing Luxembourg, sur les 145 qui restaient encore. Et puis, il y a la question du gros « coup de pouce » des Etats luxembourgeois et belge. À deux, ceux-ci doivent finalement injecter 320 millions d’euros sous forme de prêt récupérable, afin de financer le véhicule qui regroupe les actifs risqués de Kaupthing. Ce soutien pourrait être assimilable à une aide illégale d’État, risquant de fausser la concurrence. « Heureusement que personne n’est trop pointilleux sur ce point pour le moment vu la situation. Et dans le cas de Kaupthing, nous avons prouvé que l’aide d’État était réduite au strict minimum », nous confiait une source gouvernementale il y a quelques jours. « Mais nous avons dû rappeler à certains que la Commission européenne pouvait aussi dire non, ce n’est pas qu’une formalité. »

En coulisse, le Groupe K a déjà pris ses assurances à bonne source. Louis Michel, le commissaire européen belge, est également sollicité au cas où… « On nous a clairement fait comprendre que la Commission ne s’opposerait pas à la reprise vu la gravité de la crise financière. Mais bon, nous avons déjà eu tellement de surprises dans ce dossier qu’on ne sait jamais », dira André Meyers.

À Luxembourg, la Commission européenne envoie un de ses émissaires (« case officer ») chez Kaupthing. On est le jeudi 25 juin. Le grand oral se déroule plutôt bien. « Nous avons dû envoyer quelques compléments d’informations par la suite, mais on sentait que c’était bon », précise Magnus Gudmundsson.

Signe que tout semble enfin sur le point d’aboutir, la Commission bancaire belge (CBFA) restée très discrète jusqu’à présent, diffuse les modalités de la reprise des comptes de Kaupthing Belgium sur son site web le 29 juin. Autre signe encourageant, la signature entre la Belgique et le Luxembourg, le 7 juillet, de la convention de prêt relative au sauvetage de Kaupthing et qui ouvre la voie au remboursement intégral des épargnants.

Il est grand temps car la date de la fin du sursis de paiement (10 juillet à minuit) se rapproche dangereusement et plusieurs étapes techniques doivent encore être franchies.

Ce jeudi 9 juillet, à midi pile, la Commission rend son verdict sur son site internet. « L’aide à Kaupthing Bank vise à permettre à tous les déposants de retrouver leurs avoirs. Cette solution devra contribuer à renforcer la confiance du public dans le secteur bancaire sans pour autant conduire à des problèmes de concurrence », précise Neelie Kroes, la commissaire européenne à la Concurrence. En l’apprenant, André Meyers ne peut cacher son émotion. C’est, pour 21.000 Belges, le terme de dix mois d’angoisse.

http://archives.lesoir.be/kaupthing-laisse-la-place-a-havilland_t-20090710-00P0FQ.a.html?&v5=1


10/07/2009 Le soir La saga des Kaupthing - Kaupthing laisse la place à Havilland -Episode 5 Saga_l21


Dernière édition par bankrun le Mer 15 Juil - 19:12, édité 1 fois (Raison : Rajout du lien avec la photo fournie par Dexx !)
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