article dans l'Echo de ce 16/10/08

Des dizaines de clients belges de Kaupthing ont manifesté hier à Bruxelles pour réclamer leur argent et une intervention des gouvernements belge et luxembourgeois. « Dégelez notre argent », scandaient les manifestants, un sèche-cheveux à la main en guise de symbole.

Les manifestants étaient environ 150, selon le groupe K, à l'origine de la manifestation. Ce groupe s'est constitué dès l'annonce du gel des avoirs de Kaupthing et a créé un forum sur internet qui compte actuellement plus de 591 membres tandis que la pétition exigeant plus de clarté concernant Kaupthing a été signée par 1833 personnes. « Un mouvement de solidarité spontané a donné lieu à la création d'un forum, explique Frédéric Lorie, une des coordinateurs du groupe K. Une réunion samedi dernier dans une brasserie à Uccle a rassemblé quelques dizaines de personnes et a abouti à la création d'un groupe de travail pour structurer le mouvement. Les membres du groupe ont des profils très variés : il y a des étudiants des chefs d'entreprise, des avocats… Notre objectif est de collecter et de diffuser l'information à destination des épargnants de Kaupthing et d'essayer de faire en sorte que la banque soit reprise. On ne va pas travailler contre la banque en lançant des procès. »

Selon le groupe K, Kaupthing compte 10 000 clients en Belgique, attirés par le compte d'épargne à haut rendement Kaupthing Edge qui offrait les meilleures conditions du marché.

«Les comptes de ma société sont chez Kaupthing, explique un manifestant. Si je perds mon compte à terme sur lequel j'ai placé les 525 000 euros de liquidité de ma société, l'entreprise s'arrête. J'étais client chez Robeco et je connais bien la direction puisque je produis leurs mailings. Après la reprise de Robeco par Kaupthing, je suis resté dans la banque. »

D'autres manifestants insistaient sur leurs difficultés à payer leurs factures ou à procéder à des achats de biens immobiliers planifiés de longue date depuis que leurs comptes sont bloqués. « Nous avons placé toute notre épargne chez Kaupthing deux semaines avant l'annonce du gel des comptes, témoigne un couple de manifestants. Nous avions prévu de partir à la retraite au début de l'année prochaine et nous voulions générer des revenus mensuels en plaçant l'argent sur un compte à terme. Nous ne savions pas que cette banque était islandaise et que l'Islande était en faillite virtuelle. »

«Nous ne sommes pas des spéculateurs, affirme un autre manifestant. Nous n'avons pris aucun risque. Nous n'avons pas investi en Bourse mais sur un carnet d'épargne ! »

«J'ai ouvert un compte d'épargne en avril dernier, renchérit un client. Kaupthing figurait parmi les comptes conseillés par Test Achats. Les grandes banques proposaient des cacahuètes qui ne compensaient même pas l'inflation et quitte à changer de banque, autant opter pour la rémunération la plus élevée. Je pensais que c'était sûr. »

Certains manifestants dénoncent une désinformation de la part de la banque. « Dans un courrier envoyé une dizaine de jours avant le gel des comptes, Kaupthing se montrait très rassurant sur l'état de ses finances, précise un manifestant. Le 8 octobre j'ai reçu un email de la banque m'informant que le seuil de la garantie bancaire serait relevé à 50 000 et sans doute à 100 000. J'ai été tranquillisé et je n'ai pas fermé mes comptes. » r C.Ma.


06:00 - 16/10/2008 Copyright © L'Echo.be

Petite éclaircie pour les épargnants
Kaupthing
La Belgique et le Luxembourg cherchent ensemble des solutions pour les clients de Kaupthing. Leterme se rend demain en Islande.
Les clients de Kaupthing Bank Belgique, dont les avoirs sont gelés depuis une semaine, ont obtenu quelques éclaircissements de la part des autorités belge et luxembourgeoise. Lors d'une rencontre avec des clients de la banque, hier matin au Lambermont, le Premier ministre Yves Leterme et son homologue luxembourgeois Jean-Claude Juncker ont assuré chercher ensemble une solution. « Le Luxembourg ne tournera pas le dos aux épargnants belges », a affirmé Jean-Claude Juncker.

Kaupthing Bank Belgique est une branche de Kaupthing Luxembourg et dépend donc directement de la législation en vigueur au Grand-duché. Après la nationalisation par l'Islande de Kaupthing, confrontée à des graves problèmes de liquidités, la filiale luxembourgeoise a demandé et obtenu jeudi dernier le sursis de paiement, qui correspond au concordat en Belgique. Cette procédure peut durer au maximum six mois.

Les avoirs placés au sein de la banque et de ses filiales belge et suisse ont été gelés tandis que le Tribunal de Commerce luxembourgeois a désigné PricewaterhouseCoopers comme administrateur de la banque.

Les représentants du « groupe K », (voir encadré) ont été plutôt satisfaits de leur rencontre avec les autorités belge et luxembourgeoise. « Jean-Claude Juncker nous a affirmé qu'il ne laisserait tomber aucune des banques dans lesquelles les citoyens luxembourgeois ont déposé leur épargne. Et comme Kaupthing Belgique dépend directement du Luxembourg, nous avons bon espoir de voir la situation se décanter de manière positive », estime Georges Neefs.

« Jusqu'à présent la communication n'était pas très claire, explique An Winters, également membre du groupe K. À présent, on sait qu'ils travaillent ensemble dans la même direction et ils nous ont affirmé qu'ils cherchaient une solution pour éviter la faillite. »

Leterme en Islande

Le Luxembourg et la Belgique seraient notamment prêts à apporter la garantie de l'État pour favoriser une reprise de Kaupthing Bank Luxembourg par un acheteur potentiel. Des pistes concrètes devraient être annoncées dans les jours qui viennent.

Yves Leterme se rendra demain à Reykjavik pour rencontrer son homologue islandais. « Il y a eu de grands transferts vers l'Islande, ajoute An Winters. Jean-Claude Juncker et Yves Leterme nous ont dit qu'ils feraient tout ce qui est possible pour récupérer la totalité de l'argent ».

En revanche, le premier ministre luxembourgeois n'a pas confirmé le relèvement de la garantie des dépôts bancaires de 20 000 à 50 000 euros en cas de faillite. Les ministres européens des finances s'étaient engagés la semaine dernière à relever à 50 000 euros le montant couvert par le fonds de protection mais au moment du gel des avoirs de Kaupthing, cette décision n'avait pas encore été implémentée. Yves Leterme avait déjà demandé, dans une lettre adressée au premier ministre luxembourgeois, de garantir les dépôts d'épargnes à hauteur de 50 000 euros au moins.

Si Kaupthing devait quand même faire faillite, Yves Leterme a répété qu'il comptait bien prendre ses responsabilités politiques. « La situation luxembourgeoise est une situation juridique, ce n'est pas pour autant que je ne prendrai pas mes responsabilités politiques », a-t-il déclaré. r

C.Ma.


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Manifestation pour un dégel des comptes

Des dizaines de clients belges de Kaupthing, dont les comptes sont bloqués depuis une semaine, ont manifesté hier à Bruxelles pour réclamer leur argent et une intervention des gouvernements belge et luxembourgeois.

Une délégation des manifestants avait été reçue un peu plus tôt par le premier ministre Yves Leterme et son homologue luxembourgeois Jean-Claude Juncker qui leur ont assuré travailler ensemble à une solution. Plusieurs pistes sont étudiées pour éviter la faillite. Yves Leterme s'envolera demain pour Reykjavik pour rencontrer son homologue islandais. a Lire en page 3


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Kaupthing: grandeur et décadence «made in» Islande
Un vent islandais glace actuellement le sang de milliers d'investisseurs belges. Son nom : Kaupthing Edge. La banque qui, il y a quelques mois encore, tenait un discours rassurant (L'Echo du 10 avril 2008), demande aujourd'hui une nouvelle intervention des autorités fédérales afin de tenter de calmer les centaines d'épargnants descendus ce mercredi dans la rue pour crier leur colère.

Comment en est-on arrivé là ?

Depuis le début de l'année, les spéculations se sont multipliées sur de possibles défauts de paiement et des problèmes de liquidités des banques islandaises. Des banques particulièrement exposées aux fluctuations du marché interbancaire du fait du financement de leur expansion internationale par des capitaux étrangers. La prime de risque sur les CDS (credit-default swaps, des contrats qui permettent de se prémunir contre le défaut de paiement de l'émetteur) des dettes des banques islandaises atteint actuellement des niveaux record.

Cette situation a forcé le gouvernement islandais à voler au secours de trois de ses enseignes : Kaupthing, Landsbanki et Glitnir.

Et les dirigeants de Kaupthing d'imputer leurs problèmes à cette reprise en main gouvernementale. « La banque se portait bien et les résultats du 3e trimestre s'annonçaient bons. Les dépôts ont augmenté chaque jour de 4 milliards de couronnes islandaises en moyenne ces six derniers mois », affirmait-elle le 26 septembre dernier.

Les années d'abondance

Kaupthing a vu le jour en 1982. C'est à cette époque que les autorités islandaises revoient la législation concernant les activités financières ; le but : les stimuler. Simple agence de conseil et de courtage, Kaupthing saute sur l'occasion et devient le premier organisme de gestions de fonds sur l'île nordique. Les années 90 sont synonymes de développement interne et externe. L'enseigne devient alors la première institution islandaise présente au Luxembourg.

D'acquisitions en acquisitions, la banque islandaise se développe en Scandinavie. Par le biais du rachat de Robeco fin 2007, Kaupthing Bank Luxembourg fait son entrée en Belgique.

La banque côté public

Connue dans notre pays sous le nom de « Kaupthing Edge », la banque en ligne s'adresse aux particuliers désireux de gérer seuls leurs liquidités via un compte courant et un compte épargne aux rendements attractifs.

Mais l'idylle a tourné court la semaine dernière. Jeudi, l'autorité financière finlandaise annonçait l'interruption des activités finlandaises. Sur son site, la succursale belge annonçait la mise sous le régime de sursis de paiement de Kaupthing Bank Luxembourg, avec pour conséquence le gel des comptes des épargnants belges. Une décision du tribunal de commerce luxembourgeois qui nommait aussi un administrateur.

Aujourd'hui, alors que les gouvernements belges et luxembourgeois tentent de trouver des solutions, la CBFA se dit dans l'attente. « Nous sommes en contact permanent avec nos collègues de la CSSF (gendarme financier luxembourgeois, ndlr) mais c'est actuellement l'administrateur désigné par le tribunal qui gère la société et sa succursale », indique-t-on à la CBFA.

Du côté de Test Achats, l'heure est aux éclaircissements. « Test Achats a en effet placé la banque Kaupthing dans ses tableaux 'comptes d'épargne'étant donné le rendement de leur compte mais a TOUJOURS conseillé ce placement dans les limites de la garantie des dépôts LUXEMBOURGEOIS. Nous assistons nos membres en difficultés dans ce dossier et, depuis mercredi, nous ne cessons de répondre aux consommateurs qui nous interrogent et interpellent », indique Jean-Philippe Ducart. r Dominique Liesse


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