2008-11-15 :: lesoir.be :: Leterme et Reynders en chœur : « Pas de panique ! »

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Leterme et Reynders en chœur : « Pas de panique ! »

COPPI,DAVID

Samedi 15 novembre 2008
Politique Fortis, Dexia, Ethias… Le gouvernement rassure deux fois plutôt qu’une

« Les épargnants n’ont rien à craindre. » L’Etat apporte ses « garanties », il veille à la « continuité des établissements ».

Un ange passe, pour commencer : après qu’à ses côtés dans la salle de presse du 16-rue de la Loi, vendredi, Charles Michel (MR), ministre de la Coopération au développement, eut annoncé que la Belgique anticipait un versement de 4,2 millions d’euros pour renforcement de la mission de l’ONU au Congo, et libérait 5 millions d’euros pour l’aide alimentaire et humanitaire, Yves Leterme a fait part de son trouble après un conseil des ministres consacré aux deux dossiers : le Congo, les banques…

« A titre personnel, je suis interpellé » par la « confrontation problématique » entre le « drame » d’un côté, la « crise » de l’autre, les montants, « le fait que là-bas les gens ont besoin d’eau, de nourriture… » Un peu de recul.

Avant de délivrer le discours dominant du jour : pas de panique ! Fortis, Dexia, Ethias, Kaupthing, ou demain d’autres établissements, belges ou sous label étranger, qui connaîtraient des difficultés : jamais les pouvoirs publics ne laisseront tomber les épargnants, toujours ils œuvreront à la « continuité des établissements ». « Les épargnants n’ont rien à craindre, nous assurons leurs avoirs », martèle Yves Leterme. « Il n’y a aucune raison d’avoir une quelconque inquiétude », souligne Didier Reynders. Qui resserre le propos : « J’ai contacté le management de Fortis, il n’y a aucun problème. »

Car si le Premier et le ministre des Finances mettent autant d’entrain à rassurer ce vendredi, c’est avant tout pour couper court aux rumeurs de panique dans la clientèle de Fortis : la DH du jour parlait de 10 milliards d’euros (!) retirés en 48 heures dans les agences du pays, de peur d’une faillite pure et simple… Tout cela après la gaffe du Premier ministre lorsque, dans un commentaire relayé par Het Laatste Nieeuws samedi, il avait laissé entendre qu’en cas d’issue défavorable mardi prochain devant le tribunal de commerce, où les actionnaires contestent la légalité de l’opération Fortis-BNP Paribas, l’Etat pourrait tirer sa révérence et retirer la garantie donnée à Fortis.

Démenti formel, vendredi. La banque assure que le montant des retraits sur les comptes d’épargne entre le 8 et le 11 novembre n’a pas dépassé 0,06 % du total de l’encours auprès de Fortis, de quelque 340 milliards d’euros. Le ministre des Finances évoque la somme de 600 millions d’euros de retraits environ : monnaie courante à cette période de l’année. On y revient : « Aucune inquiétude. » Yves Leterme préviendra pour finir : « J’ai beaucoup de respect pour le principe de la séparation des pouvoirs et pour le rôle de la Commission européenne, mais moi, je me dois de défendre le contribuable belge et il n’est pas question que l’argent de celui-ci serve à développer des stratégies bancaires qui ne correspondent pas au but poursuivi par le gouvernement, à savoir préserver les épargnants et assurer la continuité des entreprises bancaires. »

Décodage : à ceux qui laissent croire que l’Etat pourrait réintervenir massivement, et au profit de tous, dans l’hypothèse d’une remise en cause de l’opération Fortis- BNP Paribas, le Premier oppose son devoir de responsabilité, au nom d’un Etat qui n’est pas un « self-service »…

Avant cela, Yves Leterme avait confirmé l’adoption de l’arrêté royal portant à 100.000 euros (pour un an) la garantie pour les dépôts bancaires ; cela concerne les carnets de dépôt classiques, comme les produits assimilés de la branche 21, où Ethias était demandeur pour son compte First. « Garanties » encore pour couvrir le portefeuille FSA de Dexia, ainsi que l’interbancaire Dexia (lire en page 3).

Message, dans tous les cas : la situation est grave, mais elle est sous contrôle.