2008-10-28 14 h 20 :: LeMonde.fr :: Accablés par la crise, les Islandais rêvent de l'euro

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Accablés par la crise, les Islandais rêvent de l'euro
LE MONDE | 28.10.08 | 14h21
REYKJAVIK CORRESPONDANT
Après avoir reçu du FMI la promesse d'un prêt de 2,1 milliards de dollars (1,7 milliard d'euros), bientôt finalisé, l'Islande cherche de nouveaux prêteurs. Car le pays a encore besoin de 4 milliards de dollars pour faire face à ses obligations. Reykjavik a demandé aux banques centrales nordiques de faire un effort, mais les ministres scandinaves, réunis à Helsinki, ont réservé leur réponse.
"La Norvège veut prêter de l'argent à l'Islande, estime Thorbjörn Broddason, professeur à l'université d'Islande. Elle en a les moyens. Nos deux nations sont historiquement liées et, surtout, les Norvégiens ne veulent pas voir les Russes étendre leur influence sur l'Arctique." Or, ces derniers se disent prêts à verser les 4 milliards de dollars. Une offre dont l'Islande espère... qu'elle stimulera la générosité nordique.
Alors que la banque centrale a relevé, mardi 28 octobre son taux directeur à 18 %, les Islandais sont atterrés. Leurs avoirs, à l'exception des comptes courants, sont gelés par les banques nouvellement nationalisées. Les remboursements de leurs emprunts, indexés sur les monnaies étrangères, explosent et le chômage s'étend.
Selon un sondage publié par le quotidien Frettabladid, 68 % d'entre eux veulent entrer dans l'Union européenne, et 72 % souhaitent passer à l'euro. Les conservateurs, à la tête de la coalition au pouvoir, sont les seuls à se montrer réticents. Dans un pays où la presse compare l'île à un navire échoué, les Islandais recherchent un protecteur. Un rôle que ni les Scandinaves ni les Américains - ils y ont fermé leur base militaire - ne semble pouvoir tenir. Reste l'Europe.
Les Islandais envisageaient avec horreur, il y a quelques mois, de verser de l'argent pour soutenir les nations les moins riches de l'Union européenne. Leur appauvrissement brutal et les incertitudes monétaires leur font voir le monde différemment. Au moment où l'inflation bat des records (15,9 % en septembre sur un an), ils rêvent d'une monnaie stable...
Gérard Lemarquis