Leterme a le trouillomètre à zéro

http://www.trends.be/fr/chronique-economique/12-1285-46665/comment-leterme-sauverait-il-la-belgique-avec-le--trouillometre-a-zero---.html



Comment Leterme sauverait-il la Belgique avec le «trouillomètre à zéro» ?

25/11/2008 09:47

Rien ne va plus à la tête de notre beau pays. Alors que les Pays-Bas annoncent 6 milliards d'euros pour lutter contre la crise, que la France met le paquet avec 22 milliards, contre 32 milliards pour l'Allemagne, notre Premier ministre n'ose pas livrer de chiffre et préfère s'en remettre à cinq groupes de travail !

Alors que ce gouvernement doit affronter la plus grande crise financière et économique de l'après-guerre, le seul résultat visible c'est qu'Yves Leterme démontre qu'il a, passez-moi l'expression, le «trouillomètre à zéro». En effet, comme le faisait remarquer le journal L'Echo, «sous la pression du gouvernement flamand, Yves Leterme a strictement balisé l'action de ces cinq groupes de travail», dont les moindres réflexions ne doivent pas empiéter sur le sacro-saint «respect scrupuleux des compétences de chaque niveau de pouvoir».

Attention : ce petit détour institutionnel en pleine crise économique n'est pas le fruit du hasard. Car ce n'est pas le budget, ni la dette publique, ni encore l'écart idéologique entre libéraux et socialistes qui brident un éventuel plan de relance belge. L'écueil fondamental est encore plus simple : c'est la vision de l'avenir de ce pays. Là encore, l'analyse de L'Echo est juste : «Tracer des perspectives pour l'économie belge, cela revient à tracer des perspectives pour la Belgique.» Or, qui peut ou veut porter un projet national, dans un pays où des partis différents se chamaillent ? Il n'y a qu'à regarder comment les libéraux flamands et francophones se renvoient des amabilités ces jours-ci.

La conclusion est triste mais réelle. Il est impossible de mobiliser pour l'économie d'un pays, fût-ce le sien, si l'on ne croit pas en l'avenir de ce pays. Alors même que, dans d'autres pays, le débat porte sur le nombre de milliards et la manière de les injecter dans l'économie, en Belgique, on se montre plus malin que nos voisins. Plutôt que de parler de relance, c'est la saga des bourgmestres francophones qui est à nouveau en première page des journaux !

C'est dommage car, pour redresser notre économie, c'est de confiance qu'il faudrait parler. Les citoyens risquent de faire la grève de la consommation s'ils n'ont pas confiance dans l'avenir. N'oublions pas que, lorsque vous perdez votre emploi, le taux de chômage n'est plus de 7,2 % ou 5,4 %, mais de 100 %. Ce que je veux dire par là, c'est que la peur est mauvaise conseillère pour un pays ou une région. Les ménages qui diffèrent leurs achats de voitures, de téléviseur à écran plat ou annulent leurs voyages de fin d'année mettent en chômage technique d'autres personnes.

Par peur de l'avenir, les ménages contribuent donc, avec leur comportement de fourmis, à déprimer plus encore l'économie. Si l'on veut inverser ce cycle dépressif, il n'y a qu'une seule chose à faire : restaurer la confiance. Et, surtout, ne pas faire comme à Byzance : parler du sexe des anges alors que l'armée ennemie - c'est-à-dire la crise - est à nos portes.

Amid Faljaoui

Le problème est que comme notre 1er et vice premier des finances sont "politiquement" morts de chez morts et pour longtemps, cela risque d'être "après nous le déluge" et donc à part sauver leurs petits intérêts tant qu'il est encore possible d'influer sur quelque chose pour eux, voilà à mon avis leurs seul et unique programme.

Sauf pour notre 1er qui lui doit aen plus aller allumer des cierges, ce que ne fait pas, je crois, notre "libre exaministre" des finances...

Amid Faljaoui est très bon et ses propos ont souvent beaucoup de sens

@ fundee, manuVZ et aux autres qui en ont marre d'attendre !

Est ce qu'on met en place une action, encore cette semaine ou bien on attend, patiemment ?

fundee a écrit:Amid Faljaoui est très bon et ses propos ont souvent beaucoup de sens

Voir ICI son billet passé sur Radio 21 hier soir : un excellent article résumant vraiment bien notre situation en quelqus lignes.

http://www.trends.be/fr/economie/banque-et-finance/12-1636-46690/sauver-nos-banques-a-coute-1-875-euros-a-chaque-belge.html



Sauver nos banques a coûté 1.875 euros à chaque Belge

26/11/2008 16:55

Les autorités belges ont, à ce jour, investi 20 milliards d'euros de vos impôts pour sauver notre système bancaire. Comment en est-on arrivé là ? Quel retour sur investissement l'Etat peut-il espérer ?

Dans l'histoire mondiale de la finance, il y a un après-9/11 et un après-9/15. C'est en effet le 15 septembre 2008 que les autorités américaines ont laissé la banque d'affaires Lehman Brothers tomber en faillite. Une décision qui a plongé le système financier dans un coma profond, avec des conséquences sur l'économie globale. Sur le front belge, les victimes principales s'appellent Fortis et Dexia.

En Belgique, donc, les autorités du pays, fédéral en tête, a pris énormément de risque en prenant les dossiers Fortis, Dexia, KBC et Ethias à bras-le-corps. Au total, le gouvernement fédéral a investi 20 milliards d'euros dans notre système bancaire, financés via des emprunts dont les intérêts devraient coûter 900 millions d'euros dès l'année prochaine. Il offre également des garanties pour un maximum de 240 milliards d'euros.

A ce jour, on peut donc estimer le coût de ce sauvetage à 1.875 euros par Belge (sur une population de 10.666.866 habitants), voire à 4.512 euros par travailleur belge (pour 4,432 millions de travailleurs belges, selon les dernières statistiques du SPF Economie publiées mercredi).

Quant au retour sur investissements, sous forme de dividendes, intérêts et éventuelles plus-values, l'incertitude est de mise...
Recettes

Dividendes de BNP Paribas : encore imprécis (plusieurs centaines de millions d'euros)
Dividendes de Fortis Banque Belgique : encore imprécis
Dividendes de Dexia : pas dans l'immédiat
Dividendes du portefeuille de produits structurés de Fortis : très incertain
Dividendes d'Ethias : incertain
Intérêts sur le crédit à Fortis Holding : 180 millions
Intérêts sur le crédit à KBC : environ 300 millions (si KBC verse un dividende)
Compensation pour les garanties d'Etat : incertain (peut-être moins de 500 millions)
Dividende supplémentaire de la Banque nationale : 330 millions
Dépenses

Intérêts sur les dettes supplémentaires : environ 900 millions
Moins-value latente sur BNP Paribas : 3,9 milliards
Moins-value latente sur Dexia : 686 millions
Exercice des garanties d'Etat : 240 milliards maximum (même s'il y a extrêmement peu de chance que cela soit nécessaire)

Résultat

Hautement incertain. Le gouvernement fédéral a donc consenti un investissement à haut risque. Un investisseur raisonnable exige un rendement de quelque 10 % pour un tel placement : soit 2 milliards d'euros dans le cas de l'Etat belge. Celui-ci ne percevra peut-être jamais ce montant - mais il n'avait d'autre choix que de sauver les banques. Il faut en tenir compte : le véritable retour sur investissement comprend, par conséquent, le fait d'avoir évité l'implosion du système financier et prévenu une crise socioéconomique particulièrement lourde en Belgique - et ailleurs.

Daan Killemaes, Celine De Coster et Boudewijn Vanpeteghem

(Tous les détails sur les investissements publics dans le système bancaire belge dans le magazine Trends (en néerlandais) daté du 27 novembre 2008.)