2008-12-27 :: lalibre.be :: Un simple remaniement

Même programme et même équipe: on changera poste par poste, par deux CD&V, les deux ministres CD&V déchus vendredi dernier (le Premier Leterme et Jo Vandeurzen à la Justice). Ainsi peut-on résumer la journée politique de vendredi qui, à l’image de la météo, paraît avoir amené une solide éclaircie dans des cieux pourtant solidement plombés.
Surprise, tôt vendredi: le porte-parole de l’explorateur Wilfried Martens prend la peine d’annoncer aux agences de presse que ce jour est "crucial". Enfin, sans doute: "L’explorateur veut arriver à un résultat aussi vite que possible". Surprise, parce que tous les commentaires du matin resserrent un peu plus encore le sac à nœuds. Quitte à relancer toutes sortes de supputations, jusqu’à la constitution d’un olivier (tripartite sans les libéraux) ou une remise en selle même fugace d’Yves Leterme.
On se dit que ce vieux briscard de Martens veut dramatiser. Mettre le CD&V au pied du mur. Ou, relayant l’appel de l’avant-veille du Roi au sens des responsabilités de chacun, forcer tout ou partie des belligérants à se forger une trêve. Journée cruciale donc? "C’est du bluff", commente un observateur CD&V.
Bluff ou pas, la mise en scène se prolonge, s’affûte. Le même porte-parole, juste à temps pour les JT du midi, indique que l’explorateur "fera probablement" une déclaration vers 16 h, depuis son campement d’explorateur à Bruxelles, à la présidence de la Chambre. Qu’il aurait retrouvé après avoir donné des coups de fil de son domicile de Lokeren.
Nouvelle perplexité. Quel genre de véritable annonce "cruciale" M.Martens pourrait-il livrer, dont l’apanage ne revient pas d’office au Palais? "Je cherche les pistes auxquelles personne n’a encore songé", cogite un confident majoritaire
Compromis aux airelles
Et si on cherchait trop loin?
Car pendant que l’on suppute, Martens reçoit discrètement à déjeuner, au siège du PPE qu’il préside (rue du Commerce à Bruxelles), les présidents de la pentapartite démissionnaire (CD&V, Open VLD, MR, PS, CDH). Il apparaît, entre sole et gibier aux airelles, que tous se disent favorables à la reconduction de la majorité, dans les délais théoriques requis (2011), avec un Premier ministre pour lequel on attend les propositions du seul CD&V. Mais c’est Noël
Enfin, disons, c’est le retour au scénario léger de remaniement, plutôt que lourd de recomposition. On se souvient que, d’emblée, tout avait plaidé pour cette solution légère (les causes de la crise, son contexte, les premières déclarations); après quoi la vigueur de l’escarmouche laissa penser à la grosse crise, dont la rentrée en piste du "sage" Martens attestait.
Or, celui-ci ne serait pas étranger à ce retour à une crise amincie. "Je n’avais pas connu de réunion aussi constructive depuis longtemps. Martens est vraiment bien, très rassembleur", confiait un participant au sommet pentapartite où CD&V et Open VLD durent mettre une sourdine à une guerre fort rude. "Non ce n’est pas un dinosaure; il connaît son affaire", dit un autre.
Van Rompuy quand même
Bref, même lentement, on progressait vendredi soir dans le maquis des trois questions ressassées que l’on sait.
1° Quelle coalition? C’est dit, on ne change pas.
2° Quel échéancier? On continue jusqu’en 2011. Enfin, telle est l’intention, qui sera à confirmer au gré notamment des aléas communautaires considérablement perdus de vue ces dernières semaines. Et sans préjudice des remous internes au CD&V. "Dès qu’on y touche, c’est: petits meurtres entre amis", confirmait hier un leader francophone, plutôt sceptique sur non pas la volonté, mais la possibilité pour les coalisés de terminer le bail canonique de 4 ans.
3° Quel Premier? Là donc, au CD&V d’encore se dépatouiller. Vendredi, aucun nom n’a été cité officiellement. Mais la cote de Jean-Luc Dehaene frise désormais l’exclusion pour avoir été tant liée - même si lui s’est tenu coi - à un tout autre scénario politique (ouverture aux socialistes flamands, gouvernement transitoire). On n’écartera pas en revanche sa présidente actuelle, Marianne Thyssen, dont le genre donnerait au "Seize" une coloration inédite. Mais le plus probable serait finalement Herman Van Rompuy, en dépit de son souhait réitéré à ne pas endosser la fonction. L’Open VLD y fera d’autant moins barrage, à l’inverse de la piste Dehaene, que la présidence de la Chambre retournerait alors dans son escarcelle - histoire de donner quelque gage à la première place prise par la famille libérale. Quant à la Justice, c’est Tony Van Parys qui la retrouverait, après avoir occupé le département avant l’arc-en-ciel de 99.
Mais chaque jour à la fois. Vendredi soir, le lancement d’un formateur (ce ne serait pas immédiatement celui du nouveau Premier ministre) était attendu pour ce week-end.
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