Lettre envoyée au roi par la poste et copies au media

A l’attention de Sa majesté le Roi
Palais royal, Cabinet du Roi.
Chef de Département : Monsieur Jacques van Ypersele de Strihou.
Rue Bréderode, 16
B-1000 Bruxelles


9 novembre 2008
Sire,

Depuis le jeudi 9 octobre 2008, plus de 20.000 épargnants belges ainsi que 500 entreprises qui avaient placés leurs avoirs sur des comptes d’épargnes chez Kaupthing Bank Belgium n’ont plus accès à leurs comptes. Ils ont été purement et simplement gelés.
Des milliers de familles, clients de cette banque éprouvent par conséquent des difficultés considérables dans la gestion de leur budget quotidien, tant pour les soins de santé que pour les frais de chauffage en passant par le règlement des extraits de rôle. Certaines ont dû faire appel au CPAS et d’autres ne sont plus capables de mener à bien leurs activités professionnelles.

Pourtant ces personnes avaient gagné de l’argent et l’avaient prudemment placé sur un compte d’épargne que la publicité dans touts les media du pays ainsi que le magazine des associations de consommateurs belges Test-Achat recommandaient.

En septembre la crise financière s’est abattue sur le monde. Le monde politique belge a de suite pris des mesures rassurantes. Le Gouvernement a proclamé qu’aucun épargnant belge ne souffrirait de cette crise.

Ceux qui avaient placé le fruit de leur travail ( et parfois de leur vie) chez la Kaupthing Bank Belgium se sentaient à l’abri de tout danger, d’autant plus qu’il était garantie par le gouvernement Luxembourgeois.

Les mesures pour rassurer la population ne se sont pas faite attendre. Au niveau européen, il a été décidé le 6 octobre de relever le montant de la garantie de l’épargne. Ce 7 octobre, les clients de la banque Kaupthing recevaient un courriel de la banque en question signalant que leur épargne était protégée jusque 50 000 euros minimum.

Ce même courriel rassurait quant à la position de la banque et poussait encore à placer de l’argent dans cette banque. Les épargnants étaient donc rassurés et confiants.

Or, le 9 octobre, c'est-à-dire 48 heures plus tard les comptes étaient gelés et plus aucune transaction n’était possible. Le même jour, on apprenait que la garantie sur l’épargne relevait du Grand Duché du Luxembourg et n’était que de 20 000.00 euro
et non pas de 50.000 euro promis. Certains n’en ont pas cru leurs yeux, d’autres se sont dit que la situation était temporaire car le Gouvernement avait promis qu’aucun épargnant ne souffrirait de la crise.

M Leterme s’est assez vite emparé du dossier et le vendredi 17 octobre, se rendait à Reykjavik et annonçait qu’il avait reçu des promesses de la part de son homologue islandais et que la situation serait débloquée au cours de la semaine suivante. Quant à la garantie sur l’épargne, le Luxembourg l’a effectivement montée à 100 000.00 euros, qui n’est pas encore ratifié par leur parlement, mais en précisant elle n’est pas rétroactive et n’est pas appliquée aux clients de Kaupthing Bank Belgium !
En Belgique par contre, elle est rétroactive au 9 octobre et à effet immédiat, mais elle n’entre pas en ligne de compte pour les clients d’une banque luxembourgeoise, même si elle est établie en Belgique..

Depuis cette date, le Gouvernement nous assure que les négociations pour trouver un repreneur vont bon train, tout en nous invitant-étrangement- à renvoyer des formulaires à l’AGDL pour récupérer une garantie de 20 000.00 euros.
Ainsi, les rêves et les projets d’avenir de beaucoup de personnes sont brisés, et la vie de milliers de personnes est remise en question. A quoi bon aller travailler si on vous dérobe littéralement vos revenus ? A quoi bon agir en bon père de famille si le Gouvernement lui-même ne tient pas ses promesses ? Certes il ne s’agit que d’une question matérielle mais parfois ce matériel est indispensable pour se chauffer, se soigner ou se loger.

Nous nous adressons à vous pour vous faire part de notre désarroi et notre indignation face aux promesses qui nous ont été faites et qui restent jusqu’à présent lettre morte. Nous sommes conscients de la complexité de la situation, de la dureté des négociations et de la subtilité des efforts diplomatiques à mettre en place. Par contre, nous nous sentons oubliés par les pouvoirs politiques et manipulés par les média. Nous sommes les premières victimes de la crise et nous demandons votre intervention afin que nous retrouvions nos droits sur notre épargne au plus vite et avec eux la foi dans le système économique et politique de la Belgique.

Avec toute notre gratitude, nous vous prions d’agréer, Sire, l’expression de notre profond respect.

Au nom des épargnants victimes
de Kaupthing Bank Belgium

K. Khazai (Pardis)