04/07/2009 la Saga des "Kauphting" épisode 1 - Comment les Britanniques ont fait capoter Kaupthing
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04/07/2009 la Saga des "Kauphting" épisode 1 - Comment les Britanniques ont fait capoter Kaupthing
Comment les Britanniques ont fait capoter Kaupthing
En quelques mois, Kaupthing Belgique séduit 15.000 nouveaux épargnants. Mais le 8 octobre 2008, le groupe islandais s’effondre, avec un coup de pouce de Londres.
Il est 18 heures ce 8 octobre 2008, lorsque Stefan Richter, le patron de la succursale belge de la banque islandaise Kaupthing reçoit un coup de téléphone très désagréable : on lui apprend que quelques heures auparavant, le gouvernement britannique, en s’appuyant sur la loi antiterroriste (Special Provision Act), a saisi les dépôts de la filiale britannique de Kaupthing, pour les confier à ING.
Dans ses bureaux du 81 avenue Louise à Bruxelles, Stefan Richter contacte immédiatement Kaupthing Luxembourg, dont il dépend : recevra-t-il les fonds qu’il attendait pour rembourser les déposants inquiets qui commencent à vider leurs comptes ? « Pas de problème », lui dit-on. Mais à 21 heures, on le prévient. Il n’aura pas l’argent. La décision britannique a déclenché un mouvement de dominos qui fait tomber en quelques heures les unes après les autres les filiales du groupe islandais. Toutes les banques qui ont des avoirs de Kaupthing chez elles s’assoient dessus, afin de les céder si jamais le groupe islandais avait une dette envers elles. C’est la fin de la première banque privée islandaise, et un cauchemar de neuf mois qui commence pour les 20.000 épargnants belges.
Tout avait pourtant joyeusement débuté. Le 10 novembre 2007, le hall feutré du Ritz Carlton de Berlin résonne des bribes d’anglais, d’islandais, de français, de néerlandais… Kaupthing y organise sa fête de fin d’année. La trentaine de membres du personnel de Robeco Belgique y est invitée, et fraternise avec le staff islandais. Dans quelques jours, la succursale sera reprise par la filiale luxembourgeoise du groupe islandais…
Voilà des mois qu’à Rotterdam, au siège de Robeco, on avait décidé de « vendre la Belgique ». Le géant néerlandais de la gestion d’actifs a une nouvelle stratégie – se concentrer sur la vente de fonds à des professionnels – et Robeco Belgique, petite banque privée, dont les avoirs des 6.800 clients se montent à 300 millions d’euros, ne cadre pas avec cet objectif. Stefan Richter, qui dirige Robeco Belgique, aidé d’un consultant, cherche alors un repreneur. Assez vite, les Islandais de Kaupthing tiennent la corde. Ils s’engagent à continuer à distribuer les fonds Robeco, à développer la plate-forme internet que Robeco Belgique vient de créer pour capter les dépôts, et à poursuivre toutes les activités.
Le 11 octobre 2007, un communiqué annonce donc le rachat de Robeco Belgique par Kaupthing Luxembourg. « En reprenant les activités de Robeco Belgique, nous sommes directement opérationnels dans ce pays et nous disposons d’une plate-forme pour une croissance future », se réjouit Magnus Gudmundsson, grand gaillard blond aux yeux clairs, débordant d’énergie. C’est lui qui a débarqué un jour de 1998 à Luxembourg, il avait alors 27 ans, pour fonder la filiale grand-ducale de Kaupthing. Il se retrouve dix ans plus tard à la tête d’une banque privée de 240 personnes, qui gère 10,6 milliards d’euros d’actifs.
Cette acquisition belge ne peut mieux tomber. Depuis plus d’un an, Kaupthing cherche à diversifier ses sources de financement. Comme toutes les autres banques islandaises, le groupe se rend compte que son modèle de développement n’est pas tenable. Entre 2000 et 2005, le bénéfice des banques islandaises a été multiplié par… 50. Profitant des taux bas, elles empruntent en masse sur le marché des capitaux pour se développer. « Une des caractéristiques de l’Islandais est qu’il est impatient », observe Vigdís Finnbogadóttir, l’ancienne présidente du pays. La traduction de ce gène « viking » dans la finance, est que « les banques islandaises ont un comportement plus agressif que les autres », avoue Sturla Palsson, le directeur auprès de la Banque centrale d’Islande. En 2007, les actifs des banques du pays pèsent 900 % du PIB.
Mais pour diminuer sa dépendance au marché des capitaux et à la couronne islandaise, Kaupthing décide de capter l’épargne des particuliers européens. En quelques mois, en 2007-2008, la banque s’étend en Norvège, Grande-Bretagne, Finlande, Suède, Allemagne, rachète NIBC aux Pays-Bas, et Robeco Belgium chez nous. Au printemps 2008, Hreidar Mar Sigurdsson, le patron du groupe Kaupthing, est optimiste : « À la fin de l’année, l’euro deviendra notre devise opérationnelle, et en 2010, les dépôts étrangers représenteront 40 % de nos besoins de financement. » Il n’aura jamais le temps d’atteindre ce but.
Pourtant, en Belgique, pendant une bonne partie de 2008, la reprise se passe bien. Kaupthing fait un effort de marketing extraordinaire, se trouvant parmi les cinq principaux annonceurs bancaires du pays. Les résultats sont excellents. Kaupthing Belgique gagne plus de 15.000 nouveaux clients en sept mois. Sur les 600 millions d’euros de dépôts que la succursale belge de Kaupthing a en caisse à la rentrée de septembre, près de 80 % sont récoltés au cours de cette année 2008.
C’est vrai, la rémunération qu’offre Kaupthing est attrayante. Au début du mois d’août 2008, le ministre des Finances décide de faire passer le taux plafond du livret d’épargne de 4 à 4,25 %. Kaupthing embraye immédiatement, offrant sur son livret 4,25 % de taux de base, et 2 % de prime d’accroissement, valable jusqu’au 31 décembre. Mais elle n’est pas la seule à se montrer généreuse : Deutsche Bank offre 4,25 % + 1 %, BKCP 4,25 % + 0,75 %, ING offre 4,25 % sur son Lion Deposit… Des conditions que justifie le ministre des Finances Didier Reynders lui-même : « Avec une inflation qui frôle les 6 %, ce relèvement à 4,25 % est approprié », dit-il.
Toutefois, alors que les dépôts continuent d’affluer, l’Islande commence à nager dans les problèmes. Le pays n’a que deux ressources naturelles : le poisson et la géothermie. Il doit tout importer pour vivre. Mais les Islandais vivent au-dessus de leurs moyens. Et à l’été 2008, sur les épaules de chaque habitant pèse une dette extérieure de 300.000 dollars. Les marchés sont conscients de cette faiblesse. Les fonds spéculatifs jouent contre l’Islande pendant toute l’année 2008, et donnent des coups de boutoir qui ébranlent le système financier du pays.
Mais le coup de grâce vient avec l’effondrement de la banque d’affaires Lehman Brothers, le 15 septembre. Parmi les trois grandes banques islandaises, Glitnir est la première à tomber. Elle est nationalisée le 29 septembre. La panique commence à gagner la population, au point que le gouvernement doit nationaliser Landsbanki, autre géant bancaire et promulguer une loi d’urgence, le 6 octobre, afin de garantir les dépôts et s’octroyer les pleins pouvoirs pour redresser le système financier.
Le Premier ministre Geir Haarde déclare qu’il ne restera qu’une seule grande banque privée dans le pays… sans citer Kaupthing. Cette dernière reçoit un prêt de 500 millions de dollars de la Banque centrale islandaise. Le lendemain, le 7 octobre, Kaupthing Belgique publie un communiqué dans lequel elle assure disposer d’assez de liquidités et avoir un ratio de fonds propres dépassant les 11 %. Ce ne sera pas suffisant. La décision des autorités britanniques de saisir les dépôts de Kaupthing UK précipite la chute. Ce 8 octobre, dans la soirée, Magnus Gudmundsson et le management de Kaupthing Luxembourg décident de demander dès le lendemain à la justice grand-ducale de mettre leur banque en suspension de paiement, afin de protéger ses avoirs. Et ce 8 octobre, à 22 heures, à Bruxelles, Stefan Richter décroche son téléphone. Il appelle la CBFA, notre gendarme bancaire. Il va falloir se battre pour sauver ce qui peut encore l’être.
DE BOECK,PHILIPPE; THOMAS,PIERRE-HENRI
http://archives.lesoir.be/la-saga-des-kaupthing-_t-20090704-00NXW8.a.html?&v5=1
En quelques mois, Kaupthing Belgique séduit 15.000 nouveaux épargnants. Mais le 8 octobre 2008, le groupe islandais s’effondre, avec un coup de pouce de Londres.
Il est 18 heures ce 8 octobre 2008, lorsque Stefan Richter, le patron de la succursale belge de la banque islandaise Kaupthing reçoit un coup de téléphone très désagréable : on lui apprend que quelques heures auparavant, le gouvernement britannique, en s’appuyant sur la loi antiterroriste (Special Provision Act), a saisi les dépôts de la filiale britannique de Kaupthing, pour les confier à ING.
Dans ses bureaux du 81 avenue Louise à Bruxelles, Stefan Richter contacte immédiatement Kaupthing Luxembourg, dont il dépend : recevra-t-il les fonds qu’il attendait pour rembourser les déposants inquiets qui commencent à vider leurs comptes ? « Pas de problème », lui dit-on. Mais à 21 heures, on le prévient. Il n’aura pas l’argent. La décision britannique a déclenché un mouvement de dominos qui fait tomber en quelques heures les unes après les autres les filiales du groupe islandais. Toutes les banques qui ont des avoirs de Kaupthing chez elles s’assoient dessus, afin de les céder si jamais le groupe islandais avait une dette envers elles. C’est la fin de la première banque privée islandaise, et un cauchemar de neuf mois qui commence pour les 20.000 épargnants belges.
Tout avait pourtant joyeusement débuté. Le 10 novembre 2007, le hall feutré du Ritz Carlton de Berlin résonne des bribes d’anglais, d’islandais, de français, de néerlandais… Kaupthing y organise sa fête de fin d’année. La trentaine de membres du personnel de Robeco Belgique y est invitée, et fraternise avec le staff islandais. Dans quelques jours, la succursale sera reprise par la filiale luxembourgeoise du groupe islandais…
Voilà des mois qu’à Rotterdam, au siège de Robeco, on avait décidé de « vendre la Belgique ». Le géant néerlandais de la gestion d’actifs a une nouvelle stratégie – se concentrer sur la vente de fonds à des professionnels – et Robeco Belgique, petite banque privée, dont les avoirs des 6.800 clients se montent à 300 millions d’euros, ne cadre pas avec cet objectif. Stefan Richter, qui dirige Robeco Belgique, aidé d’un consultant, cherche alors un repreneur. Assez vite, les Islandais de Kaupthing tiennent la corde. Ils s’engagent à continuer à distribuer les fonds Robeco, à développer la plate-forme internet que Robeco Belgique vient de créer pour capter les dépôts, et à poursuivre toutes les activités.
Le 11 octobre 2007, un communiqué annonce donc le rachat de Robeco Belgique par Kaupthing Luxembourg. « En reprenant les activités de Robeco Belgique, nous sommes directement opérationnels dans ce pays et nous disposons d’une plate-forme pour une croissance future », se réjouit Magnus Gudmundsson, grand gaillard blond aux yeux clairs, débordant d’énergie. C’est lui qui a débarqué un jour de 1998 à Luxembourg, il avait alors 27 ans, pour fonder la filiale grand-ducale de Kaupthing. Il se retrouve dix ans plus tard à la tête d’une banque privée de 240 personnes, qui gère 10,6 milliards d’euros d’actifs.
Cette acquisition belge ne peut mieux tomber. Depuis plus d’un an, Kaupthing cherche à diversifier ses sources de financement. Comme toutes les autres banques islandaises, le groupe se rend compte que son modèle de développement n’est pas tenable. Entre 2000 et 2005, le bénéfice des banques islandaises a été multiplié par… 50. Profitant des taux bas, elles empruntent en masse sur le marché des capitaux pour se développer. « Une des caractéristiques de l’Islandais est qu’il est impatient », observe Vigdís Finnbogadóttir, l’ancienne présidente du pays. La traduction de ce gène « viking » dans la finance, est que « les banques islandaises ont un comportement plus agressif que les autres », avoue Sturla Palsson, le directeur auprès de la Banque centrale d’Islande. En 2007, les actifs des banques du pays pèsent 900 % du PIB.
Mais pour diminuer sa dépendance au marché des capitaux et à la couronne islandaise, Kaupthing décide de capter l’épargne des particuliers européens. En quelques mois, en 2007-2008, la banque s’étend en Norvège, Grande-Bretagne, Finlande, Suède, Allemagne, rachète NIBC aux Pays-Bas, et Robeco Belgium chez nous. Au printemps 2008, Hreidar Mar Sigurdsson, le patron du groupe Kaupthing, est optimiste : « À la fin de l’année, l’euro deviendra notre devise opérationnelle, et en 2010, les dépôts étrangers représenteront 40 % de nos besoins de financement. » Il n’aura jamais le temps d’atteindre ce but.
Pourtant, en Belgique, pendant une bonne partie de 2008, la reprise se passe bien. Kaupthing fait un effort de marketing extraordinaire, se trouvant parmi les cinq principaux annonceurs bancaires du pays. Les résultats sont excellents. Kaupthing Belgique gagne plus de 15.000 nouveaux clients en sept mois. Sur les 600 millions d’euros de dépôts que la succursale belge de Kaupthing a en caisse à la rentrée de septembre, près de 80 % sont récoltés au cours de cette année 2008.
C’est vrai, la rémunération qu’offre Kaupthing est attrayante. Au début du mois d’août 2008, le ministre des Finances décide de faire passer le taux plafond du livret d’épargne de 4 à 4,25 %. Kaupthing embraye immédiatement, offrant sur son livret 4,25 % de taux de base, et 2 % de prime d’accroissement, valable jusqu’au 31 décembre. Mais elle n’est pas la seule à se montrer généreuse : Deutsche Bank offre 4,25 % + 1 %, BKCP 4,25 % + 0,75 %, ING offre 4,25 % sur son Lion Deposit… Des conditions que justifie le ministre des Finances Didier Reynders lui-même : « Avec une inflation qui frôle les 6 %, ce relèvement à 4,25 % est approprié », dit-il.
Toutefois, alors que les dépôts continuent d’affluer, l’Islande commence à nager dans les problèmes. Le pays n’a que deux ressources naturelles : le poisson et la géothermie. Il doit tout importer pour vivre. Mais les Islandais vivent au-dessus de leurs moyens. Et à l’été 2008, sur les épaules de chaque habitant pèse une dette extérieure de 300.000 dollars. Les marchés sont conscients de cette faiblesse. Les fonds spéculatifs jouent contre l’Islande pendant toute l’année 2008, et donnent des coups de boutoir qui ébranlent le système financier du pays.
Mais le coup de grâce vient avec l’effondrement de la banque d’affaires Lehman Brothers, le 15 septembre. Parmi les trois grandes banques islandaises, Glitnir est la première à tomber. Elle est nationalisée le 29 septembre. La panique commence à gagner la population, au point que le gouvernement doit nationaliser Landsbanki, autre géant bancaire et promulguer une loi d’urgence, le 6 octobre, afin de garantir les dépôts et s’octroyer les pleins pouvoirs pour redresser le système financier.
Le Premier ministre Geir Haarde déclare qu’il ne restera qu’une seule grande banque privée dans le pays… sans citer Kaupthing. Cette dernière reçoit un prêt de 500 millions de dollars de la Banque centrale islandaise. Le lendemain, le 7 octobre, Kaupthing Belgique publie un communiqué dans lequel elle assure disposer d’assez de liquidités et avoir un ratio de fonds propres dépassant les 11 %. Ce ne sera pas suffisant. La décision des autorités britanniques de saisir les dépôts de Kaupthing UK précipite la chute. Ce 8 octobre, dans la soirée, Magnus Gudmundsson et le management de Kaupthing Luxembourg décident de demander dès le lendemain à la justice grand-ducale de mettre leur banque en suspension de paiement, afin de protéger ses avoirs. Et ce 8 octobre, à 22 heures, à Bruxelles, Stefan Richter décroche son téléphone. Il appelle la CBFA, notre gendarme bancaire. Il va falloir se battre pour sauver ce qui peut encore l’être.
DE BOECK,PHILIPPE; THOMAS,PIERRE-HENRI
http://archives.lesoir.be/la-saga-des-kaupthing-_t-20090704-00NXW8.a.html?&v5=1
Dernière édition par bankrun le Mer 15 Juil - 18:52, édité 1 fois (Raison : Rajout du lien avec la photo fournie par Dexx !)
bankrun- Nombre de messages : 718
Date d'inscription : 11/10/2008
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